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François Taillandier face à « la faute »
Jeudi, 25 Octobre 2012 20:50

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« L’ami François Taillandier a aujourd’hui [Jeudi 11 octobre 2012] malencontreusement titré sa chronique « Ne t’en vas pas », avec un s à va, emprunté à un vers d’Aragon qu’il avait vérifié dans La Pléiade. Il y a pourtant faute et il en est convenu. » Le hasard a fait que j'ai déjeuné avec lui ce jour-là et que la semaine suivante, jour de parution de sa chronique dans L'Humanité, il n'y avait, pour cause de grève, aucun quotidien dans les kiosques. Donc adieu sa chronique, ni reprise, ni échangée. Il eût été dommage de s'en priver. Comme il a eu l'obligeance de me la communiquer et de m'autoriser à la publier, je ne vais pas m'en priver ni en priver ceux qui voudront la lire ici, presque en exclusivité. Et s'il y a au moins une raison aujourd'hui d'acheter L'Humanité chaque jeudi, c'est d'avoir la certitude de prendre du plaisir à lire cette chronique, sans faute, bien entendu.

 

Écouter les mots

 

DE LA FAUTE

 

Mon ami l’éditeur Serge Safran me fait remarquer une grosse faute, dans ma chronique de la semaine dernière, élégamment prêtée par moi, en outre, à Louis Aragon. « Ne t’en vas pas », alors qu’il faut écrire : « Ne t’en va pas ». Pour le chroniqueur qui ne cesse d’en appeler au respect de la langue française, c’est du joli.

Je me suis consolé en découvrant le même jour, dans un autre quotidien, quelques bourdes du genre « des messages emprunts de nostalgie » (au lieu de « empreints »), et d’ailleurs, il suffit désormais de feuilleter la presse, où l’on fait des économies sur les postes de correcteurs, pour en ramasser à la pelle. On en trouve même sur les argumentaires d’éditeurs présentant leurs livres : c’est tout dire.

Je n’ai jamais eu et n’aurai jamais la réaction de méjuger, par exemple, un maçon ou un ingénieur agronome qui feraient des fautes. On ne peut exceller en tout. En revanche, s’agissant de ceux dont le métier est en quelque sorte consubstantiel à l’emploi et à l’écriture de la langue, et même quand cela provient d’une étourderie passagère, la faute doit être relevée. Si les professionnels de la plume sabotent le français, qui en prendra soin ? (Je ne dirai rien des professionnels de la com’, qui le font exprès. Je voyais encore hier une affiche vantant le département de l’Aisne avec le slogan : « L’Aisne, it’s open ! » À ce stade, cela relève du coup de pied au cul.)

Mais allons plus loin. Que signifie la faute ? Est-il si grave d’écrire « ne t’en vas pas » avec un s ? Ou, par exemple, de dire « partir à » au lieu de « partir pour » ? Ou encore d’écrire « outrageusement » au lieu d’« outrancièrement » comme on le lit désormais couramment ? Non, ce n’est pas grave en soi, puisque, grosso modo, on se comprend quand même. Ce qui est grave, c’est que ces négligences, ces bévues, induisent et indiquent une indifférence beaucoup plus large et diffuse au fait tout simple que nous parlons et écrivons. Face à des faits humains toujours complexes, nuancés, l’observance de subtilités qui peuvent paraître byzantines (elles abondent dans notre langue) a justement le mérite de nous ramener au plus d’exactitude possible (le Droit le sait très bien).  Examiner le mot, vérifier son sens et son emploi, c’est se montrer attentif à ce qu’il veut nous dire ou nous permet de dire. La grammaire s’en ira avec la raison, pensait Baudelaire. On peut parfaitement inverser les termes.