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Lire et relire Paul Léautaud
Mercredi, 02 Février 2011 19:15

Il y a ceux qui ont lu le Journal littéraire de Paul Léautaud dans son intégralité. Et il y a les autres. Il y a ceux qui considèrent Paul Léautaud comme un des plus grands écrivains français du XXe siècle. Et les autres. Et puis il y a ceux qui non seulement ont lu ce Journal littéraire mais le relisent et en font un de leurs livres de chevet. Serge Koster est de ceux-là, peu nombreux, mais fidèles indéfectibles, à déclarer notamment : « La littérature gagnerait beaucoup si ses pratiquants trouvaient légitimes les assertions qui suivent : « Il vaut mieux se taire que se forcer à parler. Et il ne faut jamais regretter ce qu’on n’a pas écrit. Ça suffit déjà de regretter la façon dont on a écrit ! » On l'aura compris, l'auteur de Léautaud tel qu'en moi-même nous invite à partager sa passion pour cet écrivain de premier ordre qui a la particularité, comme bien peu d'écrivains, d'aider à vivre. Il n'est pas inutile à ce titre de découvrir avec lui quels sont « les élus absolus du paradis littéraire de Léautaud »:

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« Molière, La Rochefoucauld, Chamfort, Beaumarchais, Stendhal. Figure dominante : Alceste. Il est solidaire de sa misanthropie orgueilleuse, qui écarte les gémissements et l’envie, posté sur une ligne de crête altière, toisant les petits courtisans et la vaine, la coquette Célimène. Les maximes de La Rochefoucauld lui procurent un viatique qui permet « de se passer de tous les livres ». Les désabusements de Chamfort, si on excepte la « crise jacobine » qui lui a coûté la liberté et la vie, il les partage, appliqués à la fréquentation des cercles sociaux et au sentimentalisme amoureux, pessimisme que résume la fameuse sentence : « En vivant et en voyant les hommes, il faut que le cœur se brise ou se bronze. » Sans être au niveau des précédents, Beaumarchais nous alerte par les références nombreuses au « ton », au « style » de l’auteur de Figaro dont le monologue est donné comme modèle indépassable, outre que Léautaud raffole de l’anecdote animalière que voici : la chienne du dramaturge était munie d’un collier portant une médaille où les passants pouvaient lire : « Je m’appelle Follette. Beaumarchais m’appartient. Nous habitons tous les deux sur le boulevard » – ce qui crée entre eux une filiation enchantée, bien plus perceptible que dans le cas d’auteurs dont il affectionne certains opus, le Candide de Voltaire et le Diderot du Neveu de Rameau, dont le protagoniste pourrait passer pour son double, même si l’esprit bohème est loin de lui.

 

Qui les surpasse tous dans l’ordre de l’empathie, il y a Stendhal, sa « rencontre capitale », selon l’expression heureuse de Claude Courtot, dans son bel essai de 1986. Cette rencontre « signifie l’abandon définitif de toute rhétorique, le refus des mièvreries “fin de siècle”, le goût des aveux, mais sans phrases ». S’il délaisse les romans qui désormais l’assomment, il met au plus haut les textes autobiographiques, dont il ne se fatigue pas, et qu’il emporterait sur l’île déserte : Vie de Henry Brulard, Souvenirs d’égotisme, la Correspondance. Le trait commun aux auteurs de ce palmarès ? « Le style de la conversation », d’après Léautaud. D’après moi : des auteurs, des œuvres dont la virevoltante brièveté refoule à l’arrière-plan, sans la détruire, la petite musique de l’émotion, qui module en sourdine la désillusion de l’humanité. Et s’il faut resserrer encore le podium des auteurs partie intégrante de sa vie, on mentionnera la réponse, le 6 septembre 1932, à une enquête, pour le compte d’une librairie lyonnaise, sur les deux ou trois livres qu’il « estime avoir eu une influence sur (sa) formation littéraire »
et dont la sélection indique une fidélité jamais démentie, une remarquable cohérence spirituelle : Henry Brulard et Correspondance de Stendhal, Anecdotes, portraits et caractères de Chamfort. Aux enquêteurs il explicite sa réponse qui règle bien des litiges de la critique ou de l’histoire littéraire :
« Je ne les signale que pour des raisons d’attrait, de correspondances, de goût, les seules raisons, selon moi, pour lesquelles on aime des livres. Je ne crois pas du tout, au moins en ce qui me concerne, à l’influence d’aucun livre sur la formation d’un écrivain. » Logique : le don, la vocation relèvent de
l’essence et de l’inné – dussé-je encourir les foudres des sociologues et des marxistes.»

 

* LÉAUTAUD TEL QU'EN MOI-MÊME, SERGE KOSTER, Éditions Léo Scheer, p. 99-100-101

Cf. également sur ce site: Perspectives critiques n° 3 – Bibliographie> Chroniques> Magazine littéraire> Articles sur des revues littéraires (2007) – et Bibliographie> Chroniques> Magazine littéraire> Articles sur quelques romans : À celle qui écoute, Serge Koster.