L’origine de la souffrance demeure aussi énigmatique que la naissance du poème. L’absence de l’autre entraîne d’étranges sacrifices aux mœurs du réel quotidien. L’explication de la musique toujours nous confondra.
Mais le désir de rassembler les fragments, d’ordonner les marges de toute écriture intime que nul n’écoute pour n’avoir pas à les partager ? Les différents cheminements s’imposent en preuves aussi révélatrices qu’une photographie. Figer la fluidité des larmes et de la pluie, ériger l’aujourd’hui d’un temps qui s’étire, naviguer de l’acte d’amour à l’acte d’écrire, tenter d’oublier par le dépouillement ou la méditation (dans ce qu’ils ont de plus désuet), tout cela revient à dresser le constat d’illusions pourtant bien vitales. Alors naît la reconstitution de traces et de brèches en un « manifeste » où la prose se pare d’épreuves authentiques. Disparitions de lieux et d’images, d’amours aussi éphémères qu’indispensables, de rêves et de rues, d’accidents et de bonheurs fragiles, ouvrent d’autres vertiges où chacun retrouve le mystère qui l’habite. On ne garde des changements que ce qui les traverse. Autre épreuve d’origine.
Couverture de Raphaël Gaillarde