L’année Alison, ou comment survivre en amour à l’âge fatidique de 36 ans.
Quoique de vingt ans son cadet, un ami de Serge Safran n’hésite pas à lui confier une peine de cœur : pour tenter de le soulager, celui-ci lui fait lire son Journal intime au même âge : trente-six ans… L’année d’un journal, l’année d’un chagrin d’amour : l’année Alison… Quoi de plus vaniteux qu’un Journal ? Et quelle leçon tirer de celui-ci ? Foutue leçon en fait : la douleur au ventre de l’attente d’un être aimé ne se satisfait qu’entre les cuisses d’autres femmes consentantes… Et l’attente s’occupe… Un an… un an à frôler sans cesse la vie, à s’immerger dans la “ culture ”, à sacrifier à cette dernière ses meilleurs mots et ses meilleurs instants pour fuir la vie… ou tout du moins celle que le narrateur avait rêvée… Vingt ans après, si Serge Safran livre son Journal intime, est-ce pour nous donner une leçon de savoir-vivre, ou pour nous ouvrir la porte de la liberté, aussi imparfaite soit-elle ? Qu’est-ce que vouloir partager sa “ propre expérience ” ?
« Et vivre, pour Serge Safran, c'est désirer, désirer encore et toujours ou plutôt s'illusionner en passant d'un désir à l'autre, comme il est écrit dans Le Dialogue des courtisanes. Le diariste collectionne les aventures féminines, certain, comme son cher maître Gabriel Matzneff, que le coeur se brise ou se bronze. »
Vincent Roy, Le Magazine littéraire